Blaupause
Exhibition at Wieoftnoch.de with artist Swinda Oelke from 23.09.22 to 03.11.22

Only Lovers left alive
Moths, plexiglass, polystyrene, wood / 30x30cm / 2022
Photo: Sanpakuplus

FR
Dans le crépuscule, les yeux s’éblouissent. Comme un premier contact avec la réalité. Le corps, auparavant baigné dans l’opacité du vide, se met à voir. Nous sommes guidés par nos sens comme un bateau orienté par un phare. Dans la quasi-obscurité, les faisceaux lumineux dévoilent les bornes physiques. Ces limites marquent la finitude que nous ressentions mais ne voyions pas, alors encore baigné en lui. Les projections nous attirent car elles nous informent. Elles donnent sens et formes à l’invisible, à l’inconnu.
Mais bien plus que de donner corps à l’imperceptible, les images simulent le réel en feignant d’exister. Cette illusion, qu’autour de nous l’existence est en mouvement, donne le tournis, le vertige. De nos sens, la vue est peut- être celui qui nous désoriente le plus. La matière, au contraire, nous rattache à une forme de stabilité dans l’espace. Une fixité qui permet de surpasser le vertige intérieur des impressions sensibles. Pourtant les murs participent au simulacre en laissant, sur eux, s’échouer les projections. Le tournis que provoque la simulation du mouvement n’existe qu’en rapport avec l’apparente permanence du mur. La stabilité du mur est complice de l’évanescence des apparences.
Tous deux se jouent de nous. L’un simule l’existence en rendant présent ce qui est absent. L’autre dissimule des objets, des corps et des sens cachés, rendant absent ce qui est présent. Nous avançons dans la nuit. Le chemin de la connaissance est sinueux, si bien que nous tâtons de nos mains la finitude du monde afin d’en établir la connaissance certaine. Mais est-il seulement connaissable ? Peut-on l’appréhender sans être dupé ? Le sensible est en tout cas mystérieux, et son mystère réside dans la compréhension de son inaccessibilité.
Alexis de Varax, 2022
EN
In the twilight, eyes are dazzling, such as a first contact with reality. The body, bathed in the opacity of emptiness, starts to see. We’re guided by our senses like boats by the lighthouse. In the near-darkness beams show the limits of reality. These limits mark the finiteness of the world that we felt but did not see, then still bathed in it. Projections attract us because they in-form us. They give meaning and shape to the invisible, to the unknown.
But much more than giving body to the imperceptible, images simulate reality by pretending to exist. This illusion, that around us existence is in motion, makes us dizzy. From our senses, view is perhaps the one that disorients us the most. Matter, on the contrary, ties us to a form of stability in space. A fixity to overcome the inner vertigo of sensitive impressions. Yet the walls participate in the illusion by letting projections reflect on them. The dizziness caused by the simulation of motion exists only in relation to the apparent permanence of the wall. The wall’s stability is complicit in the evanescence of appearances.
Both are playing us. One simulates existence by making present what is absent. The other conceals hidden objects, being and senses, making absent what is present. We’re moving into the night. The path of knowledge is winding, so that we feel with our hands the finiteness of the world in order to establish certain knowledge. But is it only knowable? Can we apprehend it without being fooled? The sensitive is in any case mysterious, and its mystery lies in the understanding of its inaccessibility.
Alexis De Varax, 2022



Wind Protected Zone
Plaster, wood, jute / 10x3m / 2022
Photo: Sanpakuplus

